Pierre-Louis Loubet champion du monde WRC-2 2019 !!
Alors que cette semaine devait se dérouler le rallye d’Australie (14 – 17 Novembre), avec l’ultime confrontation entre Pierre-Louis Loubet, et Benito Guerra Jr pour le titre de champion du monde dans la catégorie WRC-2, le rallye est annulé en raison des incendies meurtriers qui ravagent la Nouvelle-Galles du Sud. En position très favorable avant ce rallye, le pilote de Porto-Vecchio devient donc champion du monde dans une ambiance particulière.
Trente ans après le titre de Champion d’Europe de son père Yves en 1989, Pilouis Loubet décroche à son tour un titre majeur, celui de Champion du Monde dans la catégorie WRC-2.
Pourtant ses débuts avec la compétition se font en karting, à l’âge de 7 ans, sur la piste de Figari, non loin de la maison familiale.
Ses performances lui vaudront d’être récompensé par le Comité Régional du Sport Automobile ; l’occasion lors de la remise des trophées de la saison 2006 de le voir aux côtés de Pierrot Orsini, triple vainqueur du Tour de Corse (1959, 1962, et 1965).
Après une année 2014 où il peaufinera ses trajectoires sur des circuits au volant de Formule Renault, il peut enfin s’attaquer en 2015 au rallye, une fois son permis en poche. Une première expérience au Lyon-Charbo (23e), avant de sauter dans le grand bain du championnat du monde, dans la catégorie Junior WRC au rallye du Portugal.
Ses débuts avec la DS3 R3 sont plus que réussis, puisqu’il termine 2e. La suite sera plus compliquée, avec une sortie en Pologne, puis des abandons sur soucis mécaniques en Finlande et au Tour de Corse. Il terminera sa saison 2015 par une 5e place en Espagne, puis une 4e place en Grande-Bretagne. A noter qu’à partir du Tour de Corse il a débuté sa collaboration avec Vincent Landais dans le baquet de droite, copilote qui est toujours le sien aujourd’hui.
En 2016 il passe à l’échelon supérieur, dans la catégorie WRC-2, au volant d’une DS3 R5 de l’équipe PH Sport (équipe qui aura notamment fait rouler Sébastien Loeb et Sébastien Ogier). Il intègre également l’Equipe de France FFSA. L’apprentissage de la quatre roues motrices ne sera pas simple, avec une auto à la fiabilité et aux performances perfectibles. Il accroche malgré tout deux Top 5 en Corse et en Allemagne, et termine même troisième en catégorie RC2 en Espagne derrière les intouchables Skoda officielles.
A la fin de cette saison 2016 il sera élu Espoir Echappement
En 2017, changement de monture et changement d’équipe. Pilouis passe chez M-Sport, l’équipe de Malcolm Wilson, avec la Fiesta R5. Une saison où il côtoiera Eric Camilli et Teemu Suninen. Malheureusement la saison ne se passera pas comme prévu, et les performances ne seront pas à la hauteur des espérances. Avec des résultats en dents de scie il termine à nouveau à la 10e place du classement final
En 2018 le choix est fait de rouler avec l’équipe italienne BRC, avec la Hyundai i20 R5. Malheureusement la fiabilité de l’auto ne permettra pas à Loubet de concrétiser ses progrès et ses bons chronos ; une saison frustrante qui se terminera à la 11e place du classement final.
Pour cette saison 2019 il est donc question de tout remettre à plat, afin de ne pas répéter les erreurs du passé. La saison se fera au sein de l’équipe française 2C Compétition, avec la Skoda Fabia R5. Avec désormais une distinction entre le classement des professionnels que sont les équipes Skoda, M-Sport, et Citroën des autres pilotes, le championnat WRC-2 s’annonce très disputé. L’objectif est clairement de jouer le podium à chaque course.
La saison débute mal au Tour de Corse, puisqu’entre divers soucis et de mauvais réglages, Pilouis ne termine que 10e de la catégorie. Heureusement la suite lui donnera raison, puisqu’au Portugal, là même où il avait décroché son premier podium en 2015, il décroche sa première victoire ! Un véritable soulagement après tous les efforts et investissements fait depuis quatre ans. Ce rallye fera office de déclic, puisque deux semaines plus tard en Sardaigne il enchaine avec une seconde victoire.
En Finlande il domine largement les débats, lorsque sur une petite erreur Pilouis sort de la route, et perd de longues minutes ! Là encore sa perseverance, et avec l’aide du public, il arrivera à repartir, et à glaner les points de la 4e place. Malgré tout cette sortie aura des conséquences, puisqu’il ne participera finalement pas au rallye d’Allemagne, initialement prévu à son calendrier.
Le retour se fera donc en Grande-Bretagne, où les conditions ne sont jamais faciles. A la lutte pour la victoire il ne pourra éviter une crevaison, mais il termine malgré tout 2e, derrière Petter Solberg, quand nombre de ses adversaires se sont pris les pieds dans le tapis. A l’issue de ce rallye Pilouis prend la tête du championnat WRC-2, alors même qu’il compte un résultat de moins que la plupart de ses adversaires.
En Espagne il possède une chance de remporter le titre, mais il lui faudra forcément s’imposer, et que certains de ses adversaires ne marquent pas de gros points. Au soir de la première étape (sur terre) tout se passe idéalement, puisque Pilouis est en tête, et ses adversaires les plus sérieux au championnat sont décrochés. Il est alors virtuellement champion du monde. Sur l’asphalte de la deuxième étape Il bascule derrière Eric Camilli, mais en étant à la deuxième place provisoire il est devant tous ses adversaires pour le championnat. Malheureusement lors de la troisième étape un tout droit et un différentiel abimé lui feront perdre beaucoup de temps, et il termine finalement 5e.
L’essentiel est malgré tout sauvé, car il garde la tête du championnat. Derrière lui au championnat on retrouve le polonais triple champion d’Europe Kajetan Kajetanowicz à 3 points seulement, mais celui-ci a utilisé tous ses résultats, et ne peut plus menacer Pilouis, qui lui est engagé en Australie. Troisième de ce classement nous retrouvons le mexicain Benito Guerra Jr, qui a perdu de très précieux points en Espagne en abandonnant, et qui reste le dernier adversaire possible. Le russe Gryazin est lui quatrième, mais comme Kajetanowicz il ne peut plus scorer. Les autres pilotes (notamment Andolfi et Bulacia) sont eux distancés, et ne pourront quoi qu’il arrive pas revenir sur Loubet au championnat.
Pour pouvoir décrocher le titre il suffisait alors à Loubet de terminer le rallye d’Australie ; son avance au championnat lui permettant de ne pas avoir à prendre de risque durant l’épreuve.
Alors que toute la caravane du WRC était sur place, des incendies ravageaient la région de la Nouvelle-Galles du Sud, ce qui menaçait le bon déroulement du rallye.
Dans un premier temps l’organisation proposait un parcours fortement réduit de 94 km de secteurs chronométrés, dont la spéciale la plus longue ne faisait que 8 km, au lieu des 325 km initialement prévu. Ce plan B aurait débouché sur points distribués divisés par trois. Ce scénario offrait déjà officieusement le titre à Loubet ; l’annulation annoncée aujourd’hui gèle donc les classements finaux des championnats à ce qu’ils étaient après le rallye d’Espagne.
Voilà donc un premier titre majeur pour Pilouis, trente ans après le titre européen de son père !
Alors que Ott Tanak vient de mettre fin à la série de quinze titres mondiaux en WRC remportés par des français, et que le Tour de Corse ne sera pas au calendrier mondial la saison prochaine, voilà malgré tout de quoi se bien finir l’année.